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Le potentiel sous-exploité des alliances start-up-ETI par E Hattem

Les grands groupes n’ont pas le monopole de l’open innovation. Les ETI, en accompagnant de nombreux porteurs de projets, ont, de leur côté, de nombreuses cartes à jouer.

L’innovation ouverte est un mode d’innovation basé sur le partage et la collaboration entre acteurs d’horizons variés. Si elle peut prendre de nombreuses formes, nous avons l’habitude, en France, de la résumer à la collaboration entre une start-up et une grande entreprise bien implantée dans son secteur. La jeune pousse propose une innovation que le grand groupe n’a pas la capacité ou le temps de mettre en œuvre.

Du côté des grandes entreprises, cela leur permet de tester rapidement de nouvelles briques de produits ou services en s’appuyant sur l’expertise de jeunes entreprises plus « naïves » dans le bon sens du terme et à moindre coût. Mais si l’on parle d’un changement complet de paradigme sur un secteur, pensons à la fameuse « ubérisation » ou « plateformisation”, cela va bien plus loin. Le grand groupe qui n’a pas vu venir cette mutation peut en profiter pour imaginer son futur modèle économique avec l’aide d’une start-up innovante en avance sur le sujet.

Du côté de la jeune entreprise qui se lance, l’accès à l’expertise métier et aux ressources d’un grand groupe peut faire la différence pour accélérer et arriver plus vite sur le marché. Un accès certes plus rapide, mais aussi plus intéressant en volumes pour espérer passer au stade suivant. Nous l’avons vu lors de VivaTech avec des espaces organisés autour d’acteurs majeurs de chaque secteur économique et de start-ups qu’elles accompagnent, à différents niveaux de maturité. Autant d’atouts qui peuvent faire la différence dans les premières années d’une entreprise innovante.

 

Choc des cultures

Si le tableau peut sembler idyllique, il reste de nombreux freins à ces collaborations entre deux mondes plutôt hétérogènes. Le rapport au temps, par exemple, n’est pas du tout le même. Entre une start-up qui “bouge vite et casse des choses”, pour reprendre le célèbre mantra de Mark Zuckerberg, et la multinationale aux multiples couches managériales et décisionnaires, la compréhension n’est pas toujours de mise. Un problème qui peut s’avérer majeur sur des projets d’envergure où le grand groupe a l’habitude de se fixer des plans à 4 ou 5 ans, quand la start-up réfléchit à 4 ou 5 mois.

Cette différence de temps est en fait une différence culturelle qui va bien plus loin et concerne également le rapport au risque et les questions financières. Un vrai souci de compréhension entre deux mondes très différents. Trop différents ?

 

Pensez aux ETI

Dans cette course technologique incessante, les ETI (Entreprises de taille intermédiaire) ont la solution pour développer de l’innovation ouverte performante qui a du sens. Puissance économique indiscutable, les ETI représentent 25% de l’emploi salarié et 26% de la valeur ajoutée produite en France, selon les derniers chiffres du M-ETI (Mouvement des entreprises intermédiaires). Solides et portées sur le long terme, les ETI sont suffisamment robustes financièrement et structurellement pour investir et suffisamment agiles pour conduire le changement. On pourrait trop facilement croire qu’une ETI est à la fois trop petite et trop grosse : trop petite pour être solide, et trop grosse pour être agile. Elle cumulerait ainsi les défauts de la start-up et ceux de la grande entreprise. Or, c’est exactement le contraire. Les ETI sont suffisamment grosses pour être solides et suffisamment petites pour être agiles. Elles ne sont pas un « ni-ni », mais un « et-et ». Elles sont le meilleur des deux mondes.

Elles possèdent notamment des structures organisationnelles et techniques rigoureuses pour intégrer l’innovation de façon agile, à l’inverse de grands groupes pour la plupart encore lourds dans leurs méthodes de travail et leurs processus de décision. Ce sont des structures qui sont obligées d’innover pour se réinventer et durer sur le long terme, elles ont cette culture du challenge et de la remise en question permanente. Elles n’ont pas le choix, elles doivent être à l’affût de la moindre innovation leur permettant de gagner de nouvelles parts de marché pour pérenniser l’activité et l’emploi.

Autre atout majeur, lorsque l’on parle de faire travailler ensemble des entreprises déjà implantées et des start-ups qui démarrent, les ETI sont au contact du terrain et du quotidien. Cette proximité permet d’accompagner plus efficacement les start-up, avec les enjeux humains en appui des challenges technologiques. Entreprendre est avant tout une histoire de personnes, d’humains comme vous et moi. Nous avons tous besoin, quelle que soit la taille de notre entreprise, de ce lien direct et de ces échanges pour avancer. L’open innovation avec une ETI permet de créer ce lien si important entre une innovation, des intérêts économiques, et des personnes.