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Activez les pouvoirs insoupçonnés de votre communauté ! par M Werlen

Le concept de communauté ne date pas des hippies, il est aussi vieux que l’homme. Pourtant, aujourd’hui, les communautés ont tendance à se multiplier. Dans un monde en perte de repères et qui pousse parfois à l’individualisme, elle permettent à leurs membres de trouver du sens, générer de l’engagement et offrir de la solidarité. Les communautés mobilisent des énergies incroyables dans un projet collectif généralement puissant et fédérateur. Tout le monde s’intéresse à leurs pouvoirs, mais les développer reste un casse-tête.

Voici quelques conseils issus de notre expérience communautaire Ouishare et de la Masterclass que nous avons co-créé ensemble avec MakeSense et le MAIF Start Up Club.

La communauté et ses supers pouvoirs

Une communauté est un groupe de personnes, unies par une vision et des valeurs communes, et qui agissent collectivement dans un but commun (définition Makesense). On reconnaît une communauté à la diversité et au nombre d’interactions entre ses membres, à la puissance de la culture commune et de la confiance interpersonnelle et au sentiment d’appartenance des individus au collectif.

Scouts, Bikers, groupes religieux, Gilets jaunes, mais aussi “Youtube Communities” ou groupe Facebook, le mot “communauté” est malheureusement bien souvent vidé de son sens, car utilisé à tort et à travers. Donnons lui une dimension toute personnelle, en y mettant quelques partis pris :

  • Une communauté permet de grandir individuellement dans un cadre collectif. En d’autres mots, c’est un formidable espace de développement personnel et professionnel tout en étant un projet collectif généralement puissant et fédérateur. Mais cet équilibre individuel/collectif est une tension permanente : privilégiez l’expression collective et les membres ne se réaliseront plus ; privilégiez l’individu et c’est le projet collectif qui sombrera.
  • Une communauté est une organisation qui a vocation à être horizontale. Si elle démarre généralement par l’impulsion et l’abnégation d’une personne, elle a vocation à faire tourner ce leadership et à le distribuer dans l’organisation. On y assume des “rôles” en fonction des circonstances et de ses dispositions personnelles.
  • Une communauté est un modèle contributif. Pour participer dans la communauté puis s’y développer, il faut contribuer aux tâches et projets communs, donc, souvent, donner de son temps. C’est la condition pour s’engager davantage et assumer des responsabilités. Mais c’est aussi une condition pour créer du lien social : c’est au travers de la participation et plus particulièrement de la pratique que l’on fait communauté.
  • Une communauté répond à une utilité ou un besoin. Il n’y a pas de communauté sans objectif collectif qui transcende les aspirations individuelles. Les communautés les plus vibrantes sont naturellement celles d’utilité sociale.

Développer le sentiment d’appartenance

Les communautés ont avant tout la capacité de mobiliser des énergies incroyables — de quelques personnes jusqu’à des milliers — dans une mission collective transcendante. C’est pourquoi elles intéressent autant les entreprises, les institutions et les associations.

Certaines naissent d’une aspiration authentique, là où d’autres sont mues par des objectifs avant tout stratégiques : offrir du support (ex : communauté Apple), donner des feedbacks (ex : communauté de beta-testeurs), recruter (ex : ambassadeurs Blablacar), développer des connexions (ex : Alumnis), etc. Dans ce dernier cas, il s’agit donc de distinguer (i) l’objectif stratégique de l’entreprise, (ii) la mission collective qui suscitera l’engagement et la contribution de ses membres et (iii) les objectifs personnels du Community Manager.

Plus la communauté développera un sentiment d’appartenance fort, plus elle suscitera l’engagement de ses membres et leur contribution. Pour ce faire, deux premières étapes sont indispensables :

  • Définir la mission commune. C’est le fameux “pourquoi”, la raison d’être de la communauté qui donnera envie aux personnes de s’engager dans l’aventure. Elle tient généralement en une phrase, doit transcender les objectifs individuels et être inspirante. Un exemple — Makesense a pour raison d’être “Façonner une société où l’engagement est accessible et où les citoyens construisent une société solidaire et durable.”
  • Développer une culture commune forte. Cette culture se construit sur des valeurs, que les communautés incarnent avec des comportements qu’elles ont tendance à répéter jusqu’à ce qu’ils deviennent des rituels. Un exemple — le “care”, valeur de Ouishare se ritualise par un tour de table “météo” à chaque début de réunion qui permet à chacun de dire comment il se sent.

Incuber sa communauté comporte quelques défis

Après avoir défini une mission collective et insufflé une culture commune aux premiers membres de la communauté, vous devrez — en tant que développeur de communauté — faire face à plusieurs enjeux …

Susciter de la participation et reconnaître l’engagement

Il s’agit à présent de définir les activités de votre communauté afin qu’elles répondent à la mission collective que vous vous êtes fixée. Mais ces activités doivent aussi susciter la mobilisation et l’engagement des membres, qui se caractérise généralement par des cercles concentriques.

Il s’agit bien souvent de privilégier les activités qui facilitent :

  • La participation des membres,
  • L’ouverture de la communauté vers de nouveaux publics,
  • La rencontre de ses membres et leur connexion,
  • L’expression de besoins individuels (certains membres cherchent de la notoriété, d’autres à monter en compétences ou encore à développer leur réseau…)

Et, avec ces critères, c’est naturellement l’organisation d’événements qui ressortent comme des activités privilégiées — mais non-exclusives — des communautés.

L’animateur de communauté doit par ailleurs s’efforcer de favoriser la prise d’initiative des membres et leur reconnaissance : célébrer les succès, donner du pouvoir aux personnes qui se responsabilisent, et ritualiser l’engagement de ses membres dans de nouveaux rôles.

Accepter le chaos et définir un protocole minimum de coopération

Un des écueils les plus classiques des entreprises est de vouloir “organiser” dès le départ leur communauté : règles de fonctionnement, processus, hiérarchie formelle. Or, par nature, une communauté est avant tout un espace chaotique où l’informel doit régner en maître pour faire place à l’émergence. La confiance, indispensable combustible des communautés, est facilitée par l’informalité, c’est à dire les rencontres réelles hors cadre.

Au départ d’une communauté, il s’agira donc de créer le cadre minimum de coopération qui pourrait se réduire à répondre à 3 questions : (i) comment intégrer la communauté, (ii) comment prendre des décisions ensemble et (iii) comment se rencontrer ?

C’est ce cadre relativement informel qui facilitera la mise en place d’une culture de la prise d’initiative, de l’expérimentation et de la coopération.

Faire évoluer progressivement son rôle de “Community manager”

Le rôle du développeur de communauté, devra évoluer progressivement et sa posture de leadership aussi :

  1. Meneur : embarquer de nouveaux membres, faire participer aux premières activités,
  2. puis rassembleur : créer un groupe, susciter des connexions entre eux, donner une impulsion,
  3. puis facilitateur : favoriser les connexions entre les membres et se retirer du centre
  4. et enfin, développeur : laisser la place à de nouveaux leaders, outiller, faciliter et former.

La création d’une communauté est une aventure collective dont l’impulsion est bien souvent l’affaire d’individus, dont le principal enjeu, au bout de quelques temps, est le lâcher prise : accepter l’émergence de nouvelles idées, nouvelles activités, nouvelles orientations, puis nouveaux leaders.

Faire communauté semble être un moyen puissant, à la disposition des managers et des chefs d’entreprise, pour remettre l’humain au coeur de leurs organisations et favoriser l’émergence de nouvelles idées. Les communautés qu’ils créent avec authenticité sont naturellement résilientes grâce à capacité d’adaptation de leur organisation distribuée et la puissance de leur récit collectif. Êtes vous prêt pour vous lancer dans cette grande aventure ?

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Merci à Jef Boisson de Ouishare et Solène Aymon de Makesense avec qui nous avons monté une Masterclass sur le développement de communautés qui a inspiré cet article.

Envie de développer votre communauté ou de cultiver de nouvelles formes de management et d’organisations dans votre entreprise ? Voici quelques ressources qui pourraient vous intéresser :

N’hésitez pas à partager votre retour d’expérience sur le sujet ou à entamer la discussion ensemble — martin@ouishare.net !

Ouishare a récemment lancé de nouvelles activités : Resiliences, une coopérative et une communauté, qui explore des modèles organisationnels radicalement nouveaux et participe à leur émergence.Plus d’infos sur www.resilences.co !

Source : https://medium.com/ouishare-connecting-the-collaborative-economy/les-pouvoirs-insoupconnes-de-votre-communaute-e1e65eb661c5