La révolution digitale et les nouveaux outils de mise en réseau de l’intelligence collective, apportent à l’entreprise des capacités sans précédent et font évoluer celle-ci vers une organisation de type neuronal.

Encore faut-il que l’intelligence collective soit potentialisée, dans un modèle où la liberté d’expression à elle-seule ne suffit pas et où une nouvelle approche systémique doit être inventée, remplaçant les canaux de relations et les processus de décision traditionnels.

Essayons de distinguer plusieurs conditions ou paramètres importants pour potentialiser l’intelligence collective :

• recréer les conditions du chaos : un forum entièrement ouvert assure non seulement une combinatoire exponentielle de mises en relation mais aussi une diversité croissante, favorable à la divergence,
• apporter l’énergie d’activation : la qualité des échanges étant proportionnelle à la qualité et à la vigueur du questionnement, il est important d’apporter au point de départ des challenges et des stimuli, assurant le bon niveau d’énergie d’activation,
• favoriser la maïeutique : les échanges d’idées se comportent comme la diffusion d’ondes, se renforçant ou se neutralisant en fonction d’une dynamique aléatoire : modérer et faciliter le forum permet à celui-ci d’accéder à son meilleur potentiel. Mais avant tout, stimuler le questionnement, afin de donner un maximum de profondeur de champ à la chaîne des « pourquoi ? »
• créer un cadre méthodologique : les idées ne sont pas toutes de la même nature : certaines sont des questions, d’autres des réponses ou des solutions. Certaines sont liées à des tendances, d’autres à des aspirations, à des besoins ou à des problèmes. Proposer des repères méthodologiques, permet d’avoir des identifiants et de constituer un cadre de classement, afin de regrouper les idées en patterns favorisant l’émergence de solutions et l’innovation.
• identifier et protéger les singularités : le risque majeur de l’intelligence collective est l’attraction vers le consensus faible. Au delà de la conduite du processus, il s’agit d’identifier les singularités individuelles et collectives d’où peuvent émerger les solutions nouvelles. Et de protéger celles-ci, en leur ouvrant des portes pour passer du mode idéation au mode concept, puis du mode concept au mode ‘test and learn’ dans une logique d’auto-organisation.
• assurer divergence et convergence : l’intelligence collective n’est pas mise en œuvre pour accoucher seulement de cartes mentales ou de solutions rendues évidentes par la mise en relation d’acteurs qui ne l’étaient pas avant. Elle doit favoriser un processus de divergence/convergence, permettant non seulement de favoriser l’innovation mais aussi d’élever le niveau de conscience partagée, facteur clé d’engagement et de coopération. Ce processus de divergence/convergence ne peut se résoudre à un outil digital, aussi puissant soit-il. Son pilotage requiert une véritable animation dans le temps, une dialectique assumée entre la vision de l’entreprise et le produit de l’intelligence collective, mise sous tension positive dans laquelle les dirigeants et le management ont un rôle éminent à jouer.

Les conditions de la mise en oeuvre de l’intelligence collective, la pensée, les outils et méthodes supportant celle-ci, sont essentiels à la nouvelle performance de l’entreprise dans une organisation de plus en plus proche d’un mode de fonctionnement neuronal : en temps réel, l’intelligence de tous au service de chacun et l’intelligence de chacun au service de tous.