Pour survivre, les grandes entreprises doivent oser expérimenter par O Laborde
Alors que les GAFA comme les licornes bouleversent notre économie et que les nouvelles technologies prolifèrent, les grandes entreprises n’ont d’autre choix que de se réinventer et d’engager une transformation profonde de leur organisation.
Un environnement incertain, des mutations permanentes, un fonctionnement trop onéreux, une compression des coûts qui atteint ses limites, une ubérisation qui les guette… Pour survivre, les entreprises doivent innover.
Comment ? S’inspirer du fonctionnement des start-up, former des partenariats avec elle, adopter leur état d’esprit ou encore créer un Lab (pour laboratoire, NDLR) – structure autonome dans l’entreprise testant des projets innovants – sont différentes pistes. La méthode LISH peut permettre aux grandes entreprises de réussir leur démarche d’innovation. Une démarche qui repose sur quatre piliers fondateurs.
L pour Lab
Dans un monde où le changement est la seule constante et où émergent en continu des technologies et des nouveaux usages, l’innovation par expérimentation est la voie à suivre.
Or, dans notre culture d’entreprise, l’expérimentation et l’échec ne sont pas associées à la norme. Et aujourd’hui, l’attention de nombreuses entreprises est portée sur le risque plutôt que sur la valeur potentielle de l’opportunité de développement. Ce qui n’est ni un gage de succès, ni d’innovation.
Permettre à l’entreprise d’expérimenter avec des petits projets et des circuits courts d’approbation est la clé pour libérer la puissance de l’innovation. Une structure autonome comme celle d’un Lab permet d’appréhender l’incertitude, de faciliter la réalisation d’expérimentations successives et d’accepter son corollaire qu’est l’échec. Le Lab est un cadre où expérimenter et oser prendre des risques à moindre coût. Il sert de lieu de maturation des idées brutes et embryonnaires.
Pour plus d’efficacité, le Lab pilote une activité de réflexion et une activité d’expérimentation. Il est le bras armé des activités d’innovation de l’entreprise pour développer de nouvelles offres, produits et technologies en rupture avec l’activité actuelle de l’entreprise.
I pour Idéation
L’innovation est une idée qui rencontre son marché (lire aussi la chronique : « L’innovation, ce n’est pas la créativité »). Or, le marché à venir n’est pas aisé à cerner. Il est même volatile. Cette rencontre ne peut alors se faire que si l’entreprise prend le temps, durant sa phase d’idéation, d’observer les usages et les comportements pour identifier les besoins réels et concrets de ses clients.
Pour y parvenir, il faut créer les conditions propices et des pratiques favorisant l’émergence d’idées neuves. La mise en place d’une culture de l’innovation prend du temps et nécessite un effort constant, cela requiert également une grande cohérence entre l’ambition et les actions au quotidien.
Pour créer cet écosystème ouvert, dans et autour de l’entreprise, celle-ci doit s’appuyer sur ses collaborateurs, sur des partenaires technologiques, sur des start-up, sur des écoles, sur des universités et sur des incubateurs, sans oublier de coconstruire avec ses clients.
Autre étape importante de la phase d’idéation : la sélection des idées. Car innover, c’est aussi renoncer pour mieux se concentrer sur les idées offrant le meilleur potentiel.
S pour Start-up
Insuffler les pratiques et méthodes des start-up dans les grandes entreprises est une des voies à suivre pour les aider à retrouver le chemin de l’innovation. S’inspirer des géants du web ouvrira la route vers plus de souplesse, d’agilité et d’innovation.
Les méthodes projets traditionnelles sont aussi adaptées au développement d’offres de type incrémentales qu’elles sont inadaptées pour les offres de type Océan bleu. Les incertitudes, les risques et le manque de connaissances techniques les rendent inadéquates, voire obsolètes.
Au contraire, la méthode « Design to Cost » (en français, littéralement, conception pour un coût objectif, NDLR) consiste à concevoir des solutions juste suffisantes, à trouver des alternatives low cost et low tech. Le Lab peut alors proposer un cadre fixant des règles du jeu strictes dans lequel l’équipe projet doit trouver des solutions ingénieuses pour délivrer le service dans une petite enveloppe de coût fixée à l’avance, sans lui associer un périmètre fonctionnel préétabli.
Autre grand principe des start-up et du Lab : l’innovation dans l’action. Investir dans des études de marché ou d’opportunité a peu de sens dans le domaine de l’innovation, car les clients ne peuvent pas vous donner un retour pertinent sur un service ou un usage de rupture. Il est donc primordial de faire réagir rapidement le client à propos d’une première version du service – un produit minimum viable – pour savoir si la direction choisie est la bonne (lire aussi l’article : « La stratégie lean »).
H pour Humain
Même si la création d’un Lab permet d’appréhender et d’accélérer l’innovation, l’entreprise doit mobiliser l’ensemble des collaborateurs. Se réinventer et survivre à l’ère de la révolution digitale est d’abord une question de transformation culturelle. La démarche doit donc promouvoir des valeurs et des comportements en adéquation avec les nouveaux défis de l’entreprise.
Les résultats économiques doivent passer après la volonté de créer un climat propice à l’engagement et à la prise de risque, qui sont deux prérequis à l’innovation, d’abord, et à la génération de nouveaux revenus, ensuite. Et non pas l’inverse. Il s’agit de basculer d’un état passif et méfiant, souvent généré par de longues années de réorganisations et de fusions-acquisitions successives, à un état de confiance.
Plus largement, une démarche de transformation culturelle initiera de nouveaux modes organisationnels au sein de l’entreprise, au-delà de la simple structure du Lab qui sera son bras armé et le lieu d’expérimentation de nouvelles pratiques managériales. Là encore, la grande entreprise peut et doit s’inspirer des start-up pour répondre aux attentes d’une nouvelle génération en quête de sens au travail et d’une intelligence plus collective.
Olivier Laborde
Source : https://www.linkedin.com/pulse/pour-survivre-les-grandes-entreprises-doivent-oser-olivier-laborde