L’innovation ouverte ou distribuée, transformer la connaissance en valeur économique par M Paolucci et M Jardini

L’internationalisation et la digitalisation engendrent la croissance de la dissémination des savoirs, la réduction drastique des cycles de vie des produits et services, la production haute fréquence de nouvelles technologies & le vieillissement accéléré des modèles économiques conventionnels.

Ainsi les entreprises, plutôt que de privilégier la seule Innovation fermée (les idées émergent en interne, les projets sont sélectionnés et déployés selon un flux quasi linéaire, cloisonné à l’intérieur des limites de l’entreprise avec la perspective de capter l’entièreté de la valeur produite sur le marché), parient davantage sur l’Innovation ouverte (l’entreprise ouvre son processus d’innovation à des coopérations compétitives pour gagner en rapidité, diminuer ses risques et les coûts associés, augmenter sa couverture d’influence et partager la valeur produite par les nouvelles solutions).

L’innovation ouverte est donc un processus osmotique entre les espaces internes et externes de l’entreprise. Deux flux de création de valeur sont à l’œuvre : la valorisation externe des savoirs et technologies capitalisés par l’entreprise, établis avec des acteurs extérieurs (Inside-out) et, inversement, l’intégration de savoirs et technologies externes dans les protocoles internes de développement réalisé par l’entreprise (Outside-in).

Rapprocher Problématiques & Solutions, adopter une empathie nouvelle & équilibrée

L’innovation ouverte rassemble autour d’une question, d’une nécessité, d’un objectif ou d’un intérêt partagé, des acteurs pouvant être hétérogènes. Ceux-ci échangent pour transformer leurs savoirs épars en nouvelles connaissances explicites, opérationnelles, et partagées. Ils se serviront de ces nouveaux corpus de savoirs en fonction de leurs besoins spécifiques particuliers.

Le comportement des membres d’Open Innovation se caractérise par un engagement volontaire dans la construction et le partage d’un répertoire de ressources communes. Les pratiques et les échanges répétés entre les membres de la communauté construisent progressivement une identité repère. La communauté assure le rôle de « tiers de confiance » par la génération de règles du jeu acceptées par l’ensemble des acteurs. La production collaborative des connaissances peut s’effectuer dans les modalités relationnelles de type présentiel ou digital.

L’Open innovation, agir sur Croissance & Transformation

Le premier objectif vise la mise en marché d’une solution, produit ou service, destinée à concurrencer durablement les offres des compétiteurs.

Mais l’Open innovation est aussi mise à profit pour améliorer les opérations internes de la firme. Les activités de la chaîne de valeur sont fortement stimulées par les solutions provenant de l’accélération des applications digitales. L’entreprise est ainsi contrainte à l’impératif catégorique d’une transformation continue de ses pratiques. Toutes les fonctions, Ressource Humaine, Finance, Juridique, Achats, Production, Marketing, Communication, Vente, Relation client,…, sont impactées par des solutions nombreuses, parfois disruptives et souvent efficientes. Ce mouvement crée un appel à coopération sur l’ensemble des maillons opérationnels et une demande d’agilité sans précédent dans l’adaptation des usages au profit de la performance continue.

De nouvelles tendances de l’Open innovation

D’une part, la régulation des positions de force, entre les corporates et les techno providers, notamment  start-up. La puissance des solutions portées par les start-up est telle que les grands groupes doivent adapter significativement leurs capacités d’intégration et de scalabilité. Si, par le passé, la start-up semblait devoir patienter, forcée de subir les rythmes, le poids et les injonctions du corporate, l’avenir semble favorable à un leadership de la part de la jeune pousse qui, sure de la valeur de ses solutions, encouragera le corporate à s’assouplir plus vite.

32 entreprises du CAC 40 pratiquent l’open innovation

D’autre part, le développement de l’Open innovation dans les rangs des entreprises de taille intermédiaires (ETI) et au sein de PME de taille sous critique mais très compétitives. Si 32 entreprises du CAC 40 pratiquent l’open innovation, l’agilité entrepreneuriale des entreprises plus petites, souvent familiales (près de 50% du PIB européen et environ 60 millions de salariés), favorise le développement d’une sorte de co-venturing midsize très prometteur. Les études du segment particulier des ETI nous alertent sur leurs capacités et propension à innover et à s’inscrire dans les écosystèmes innovants, collaboratifs et internationaux.

Enfin de nouvelles compétences émergent chez les professionnels de l’innovation. La fonction d’interface entre l’externe et l’interne se sophistique au-delà des savoirs faire financiers ou stratégiques. L’opérabilité réussie des partenariats passe par une meilleure compréhension des jeux coopératifs et une fiabilisation accélérée des transactions entre les partenaires.