Future of Work : la transformation numérique est un sujet RH par Y Jedlinski

Pour ne pas se faire disrupter par les startups, les grands groupes du CAC 40 courent après l’innovation technologique qui leur permettra de rivaliser avec leurs nouveaux concurrents. Mais les startups se définissent par leur talents, qui portent l’innovation et la croissance de leur entreprise. Ce sont ces talents qui sont à l’origine de la valeur d’une entreprise et de sa culture. C’est pourquoi nous croyons au Hub Bpifrance que la transformation digitale est avant tout un sujet RH et non un sujet technologique.

La révolution sera culturelle

Les grands groupes ont de grands atouts, à commencer par leurs employés et collaborateurs. La transformation doit s’opérer dans les couches les plus profondes d’une entreprise. Cela doit passer par la transformation des gens et de leur état d’esprit.

“ On parle à tout va d’agilité comme d’un but à atteindre. Erreur, l’agilité est un voyage, non une destination.”

Les grandes entreprises doivent reconnaître la valeur et capitaliser sur leurs ressources humaines. Un employé qui exerce son métier depuis plusieurs années est la personne la plus qualifiée pour former de nouveaux collaborateurs. Aujourd’hui nous n’apprenons plus comme avant. La génération Y est aussi la “génération tuto”, qui a su apprendre par elle-même de nouvelles compétences en phase avec les attentes du marché. Le savoir est devenu une commodité. Dans les startups la culture d’entreprise occupe une place centrale. C’est cette culture agile, habile et rapide qui permet à ces jeunes entreprises de conquérir de nouveaux marchés. La transformation digitale commence par la transformation des collaborateurs.

Si les startups recrutent les meilleurs, pourquoi pas vous ?

Les startups ont cette spécificité d’attirer des talents comme aucune autre entreprise au monde. Les personnes qui travaillent dans des startups ont des parcours et des expériences diverses, viennent de pays variés, parlent différentes langues et sont guidées par des valeurs fortes comme la passion, la liberté, la volonté d’entreprendre et de créer. C’est le cœur RH des startups qui font que ces startups sont ce qu’elles sont.

“Les startups attirent les talents, les rebelles et les rockstars. Ce sont ces profils qui portent ces startups au sommet de leur réussite.”

Les grandes entreprises, pour innover, doivent s’entourer de ces personnes atypiques, issues du monde des startups. C’est une erreur de croire que la transformation digitale est uniquement une affaire de technologie. La réussite de la mutation d’une grande entreprise vers le numérique doit commencer par intégrer des digital natives issus du monde de l’entrepreneuriat. L’excellence technologique est le fruit d’un recrutement de qualité.

Appelle un expert si tu ne sais pas faire

Une des grandes spécificités de la révolution numérique, c’est qu’elle a remis l’humain au centre de tous les processus. Les usages sont repensés pour le seul confort des utilisateurs et des clients. Les technologies et les usages évoluent plus vite que les organisations, et il est indispensable pour les plus grands groupes de ne pas rester à quai. De nos jours, de nombreuses expertises sont requises pour la réussite du pilotage d’un projet digital. Embaucher est long, risqué, coûteux et fastidieux.

“Les startups ont su s’affranchir de ces difficultés en confiant à des experts, prestataires ou freelances, l’exécution de tâches très spécifiques.”

Outsourcer des compétences est une commodité pour les startups. Si demain vous devez créer une campagne dans un pays inconnu pour acquérir de nouvelles parts de marché, la question se pose de savoir à qui confier ces tâches. Il apparaît alors comme agile et habile de confier cette mission à une personne dont c’est l’expertise. Lorsqu’une compétence est requise pour accomplir une tâche et que celle-ci n’est pas présente dans la masse salariale, l’entreprise doit alors accepter de ne pas posséder cette compétence mais de la louer le temps de la mission. La révolution numérique est celle de la désintermédiation.

Cohabiter avec l’innovation pour penser autrement

Former ses collaborateurs aux nouveaux usages et enjeux du numérique, trouver de nouveaux talents qui porteront les innovations de demain, et s’entourer d’experts pour accomplir des tâches très spécifiques et ponctuelles n’est pas tout : il faut créer l’environnement qui donnera envie à ces profils de rester dans l’entreprise et de continuer à collaborer avec elle. Inviter des startups à venir travailler chez soi est une opportunité pour les grands groupes. Au delà du fait de rentabiliser ou d’occuper des espaces vacants, les grandes entreprises regorgent de mètres carrés inexploités qu’une jeune startup rêverait d’investir. Quick win, l’entreprise qui héberge dans ses locaux une jeune startup peut s’inspirer de sa culture et de ses méthodes, mais surtout, s’entoure de talents que seuls les startups attirent.

Un échange de quelques minutes avec un startuper a cent fois plus de valeur que les conseils d’un consultant payé 1500 euros par jour pour fournir une checklist de choses à faire, qu’il n’a peut-être jamais exécuté lui même.

“Pour innover, les grandes entreprises doivent apprendre à travailler et à penser comme les startups.La meilleure façon de s’inspirer des startups est de les côtoyer.”

Encore une fois, la transformation s’opère à travers l’humain, les rencontres, et les synergies qui en découlent. Développer un écosystème est une nécessité.

Le retour de l’Humain

Les entreprises doivent se réinventer et revoir leurs modèles qui ont pourtant fait leur succès. Les startups sont en train de redessiner le paysage et proposent de nouveaux modes de travail, de recrutement, de formation, de management et de pilotage de projets. Fini les grandes pyramides où l’on doit gravir les échelons les uns après les autres pendant des décennies.

“Notre époque est celle de la rupture totale, et les startups, ainsi que les entreprises qui s’inspirent de leurs modèles, seront certainement les seules survivantes.”

C’est l’humain et les utilisateurs qui définissent les nouveaux usages, c’est les humains en interne qui permettent les innovations, et ce sont les humains, encore une fois, qui portent et façonnent la culture d’une entreprise. Souvenons-nous du cas très révélateur de Kodak qui n’a pas su écouter ses employés qui avaient perçu et créé l’avenir. On dit trop souvent que Kodak n’a pas su prendre le virage du numérique mais c’est une analyse simpliste, Kodak est mort de n’avoir pas misé sur son capital humain. Les startups modèlent le futur monde du travail. Autant s’inspirer de leurs recettes qui font leur succès.