Open Innovation, une collaboration mutuellement bénéfique par D. Scalia
Pour résumer, il y a 3 prérequis à l’Open Innovation : la connaissance de l’externe, la culture en interne et une interface entre les deux composantes.
Jusque dans les années 70, l’innovation était concentrée au sein des entreprises et protégée sous le sceau du secret industriel et avait une vocation strictement interne, il s’agissait du monde de l’innovation fermée. Ce modèle a progressivement évolué pour aujourd’hui se transformer radicalement en « Open Innovation ». Cette évolution a accéléré ces dernières années et répond au besoin de se démarquer et de gagner en compétitivité dans un monde où le temps s’est accéléré.
Pour essayer de définir ce concept, on peut partir du constat suivant : le coût de l’innovation a considérablement diminué. Désormais, les jeunes entreprises travaillent sur des innovations technologiques qui étaient auparavant réservées aux grands groupes. Les jeunes pousses offrent maintenant une nouvelle vision et une nouvelle dynamique qui permet de faire évoluer l’identité des grands groupes. Ce n’est pas pour autant que les PME et les grands groupes doivent être en confrontation. Il faut justement dépasser la relation capitalistique (les grands groupes qui investissent massivement dans une innovation ou achètent des PME pour créer des spin-offs) et poursuivre un objectif de collaboration pour être ainsi capable d’élargir son écosystème.L’open innovation met en avant l’importance de la relation duale entre PME et grands groupes mais il faut aussi une certaine ouverture en interne. Pour réussir, il faut sensibiliser ses collaborateurs pour qu’ils soient des ambassadeurs de l’innovation. Les entreprises peuvent également s’appuyer sur d’autres collaborations, avec des fournisseurs mais également des clients. Les différentes relations permettront aux entreprises de s’enrichir et d’aborder les innovations d’une autre manière.
De plus, pour développer une logique d’open innovation, le comportement des clients peut motiver les entreprises. On peut trouver des clients « Bêta-testeurs » qui acceptent d’exposer leurs problématiques, d’exposer leur besoin (sans forcément lancer un appel d’offres classique et précis) et d’être en relation avec une PME pour y répondre. L’entreprise qui sera chargée de répondre à la problématique pourra alors essayer de co-développer des outils, des solutions, des méthodologies innovantes avec le client. Cette relation demandera alors une transparence de l’information de la part du client et une capacité d’écoute et d’ouverture de la part du prestataire pour pouvoir développer une offre adaptée.
L’enjeu de l’open innovation pour un grand groupe est bien de se positionner dans une démarche d’innovation avec des PME, des sous-traitants, des clients et d’être un facilitateur entre les parties prenantes au projet. Il faut réussir à exprimer ses doutes et ses problématiques sans savoir où on souhaite aller, sans connaître le résultat et laisser du temps aux innovateurs pour innover. Cependant lâcher prise n’est pas une tâche évidente pour un grand groupe, construit autour d’une organisation structurée et hiérarchisée et qui doit s’ouvrir un écosystème plus vaste
Mais comment dans une démarche d’open innovation, une grande structure peut s’organiser sans être noyée par la masse d’informations ? Tout d’abord, la démarche peut être facilitée si les différents services ont préparé, dans leurs domaines d’expertise, leurs propres besoins. Il est aussi nécessaire d’accompagner les équipes en interne pour les faire adhérer à cette démarche d’open innovation et éviter les points de blocage sur toutes les étapes du projet. Pour changer les codes établis, la direction peut également organiser des groupes de travail avec différents services comme les achats, le juridique ou la qualité qui permettront de mettre en place des process beaucoup plus simples et fluides. Les grands groupes peuvent également créer des partenariats ou parrainer des petites structures comme des start-ups intéressantes et en synergie avec leurs propres enjeux de groupe. Initier ce genre de démarches avec des PME ne doit pas être un frein à la créativité et doit s’organiser comme un appel d’offres, avec des cahiers des charges pour autant moins contraignants.
Après avoir mis en place une certaine organisation, comment les entreprises peuvent-elles inculquer une culture de l’innovation en interne ? Comment peuvent-elles passer d’une méthodologie de travail concrète et stricte à un cadre moins connu et plus flexible ? Pour certains, ce changement doit passer par l’humilité et le travail de pair à pair. Les entreprises peuvent essayer de créer une communauté en interne. Basée sur le volontariat, la passion et l’envie de travailler ensemble, cette dernière permettra de développer l’intrapreneuriat où partage d’informations, aide et co-développement seront les mots d’ordre. Cette méthode pourrait pousser les équipes projet à avoir une certaine ouverture d’esprit ce qui permettra ensuite à l’entreprise de s’ouvrir en interne mais également en externe avec son écosystème.
En plus de s’ouvrir aux start-ups, les grands groupes doivent les accompagner pour être dans une logique « gagnant-gagnant ». Cependant, cet accompagnement ne doit pas être trop fort, il faut tout de même laisser les PME s’épanouir dans la relation tout en ayant un niveau d’écoute active.
Pour accentuer l’open innovation, les grands groupes peuvent s’allier avec des PME, mais il sera d’autant plus intéressant que cette alliance s’effectue en dehors de leurs cœurs de métier. Le fait d’avoir des intervenants venant de tous horizons permet de disposer d’innovations plus riches. Cette richesse permettra aux acteurs de développer un véritable état d’esprit tourné vers l’innovation. Le meilleur moyen de développer des innovations est alors de mélanger des domaines d’activité différents et de créer des projets transverses et complets.
Pour résumer, il y a 3 prérequis à l’open innovation : la connaissance de l’externe, la culture en interne et une interface entre les deux composantes. En externe, il faut réussir à se faire accepter dans l’écosystème de l’innovation. Cette première démarche demande du temps, de la passion et une certaine disponibilité. Il est également nécessaire de connaître les interlocuteurs clés pour essayer de se faire connaître et pour pouvoir expliquer l’engagement choisi. En interne il faut bien sûr une bonne connaissance des enjeux et de la culture de l’entreprise. Pour finir, il faut réussir à créer un cadre d’interface entre l’interne et l’externe avec bienveillance et humilité.