PARIS, Capitale de l’Open Innovation ? Panorama des lieux où naissent les synergies entre Start-up et grand groupes par Econocom
Ainsi, depuis quelques années, les lieux dédiés à la collaboration entre start-up, grandes entreprises mais aussi étudiants et universitaires se développent et prennent des formes variées. Des espaces emblématiques comme le NUMA côtoient des structures créées par les grands groupes ou les fonds d’investissement eux-mêmes, telles que le Shaker ou le Village by CA du Crédit Agricole. Découverte de ces endroits qui font bouger les lignes.
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#INNOVATIONFACTORY
Provoquer des rencontres inattendues. C’est l’une des ambitions de l’Innovation Factory. Le « premier cluster de l’innovation numérique de Paris » est en effet un lieu hybride où peuvent se retrouver grandes entreprises et étudiants de la Web School Factory, une école de management numérique. Pour encourager l’innovation ouverte et briser les murs qui peuvent se dresser entre les différents acteurs du secteur, Marc-François Mignon Mahon, un des responsables du lieu, mise sur la sérendipité : « La sérendipité, c’est l’art de trouver ce que l’on ne cherche pas, l’art de favoriser des rencontres fécondes et fortuites, expliquait-il lors de la soirée de lancement, en octobre 2014. C’est ce que nous ferons quotidiennement au sein de l’Innovation Factory. »
Les groupes partenaires, des géants comme Bouygues, Accor Hôtels, Sodexo, la Fondation de France ou encore la Française des Jeux, utilisent le lieu pour se connecter à un écosystème favorisant la co-création numérique et peuvent, par le biais d’évènements organisés régulièrement, créer des dynamiques positives avec les porteurs d’innovation.
#SIMPLON.CO
Démarche similaire chez Simplon.co. L’école, qui propose des formations intensives au code à des demandeurs d’emploi et personnes en reconversion, accompagne les grands groupes dans leurs problématiques d’innovation. Grâce aux hackathons et workshops organisés sur place, les collaborateurs ont la possibilité de sortir des murs de l’entreprise pour, au contact des étudiants, se familiariser avec de nouvelles méthodes et process, plus agiles et disruptifs.
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#HUBBPIFRANCE
Au sein du Hub Bpifrance, c’est avec des start-up en hyper-croissance que les entreprises sont mises en relation. Elles peuvent ainsi aller chercher l’innovation chez des jeunes pousses entamant les phases d’industrialisation et d’internationalisation. « Quand on innove à plusieurs, on innove plus, mieux et plus longtemps », déclarait récemment Cécile Brosset, directrice de l’innovation de Bpifrance.
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#NUMA
Mais le lieu le plus symbolique de l’open innovation dans la capitale, c’est sans aucun doute le NUMA. Dans un espace, qui est à la fois un coworking et un accélérateur, les rencontres entre grandes entreprises et start-up innovantes sont fréquentes. Comme l’indique Elise Nebout, responsable des ressources :
« A travers la transformation digitale, nous évoluons vers l’entreprise du XXIe siècle, celle qui jongle avec l’intelligence collective, la génération Y, les nouveaux outils et les nouveaux marchés. Les grands groupes ont besoin de se connecter à des écosystèmes innovants tel que celui du NUMA pour réfléchir, tester, interagir, grandir sur tous ces sujets ! »
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#SHAKER
Autre endroit incontournable : le Shaker. Dans les 2 200 m2 de ce campus de l’open innovation se côtoient start-up et grands groupes. A l’origine du projet, le fonds d’investissement Partech Ventures et plusieurs partenaires, dont le groupe Econocom qui s’est notamment chargé de l’équipement du lieu en outils digitaux. Pour Bruno Grossi, Directeur Exécutif chargé de la Stratégie, des Acquisitions et de la Communication d’Econocom, « ce type de rapprochement donne surtout une idée de la vitesse à laquelle les transformations digitales déferlent sur l’économie française ».
Près d’un an et demi après l’ouverture, le Shaker a accueilli pépites et licornes– dont Pinterest et Dropbox – et leur offre régulièrement l’accès à des évènements et conférences organisés par les groupes partenaires, souvent des premiers pas vers des partenariats plus pérennes : développement d’un projet commun, par exemple.
QUAND LES ENTREPRISES IMAGINENT LEURS PROPRES LIEUX…
Les grandes entreprises sont de plus en plus nombreuses à créer leurs propres espaces dédiés à l’innovation. Dans ces incubateurs « corporates », les jeunes pousses trouvent financement, soutien et accompagnement tandis que les groupes peuvent venir s’imprégner de process plus agiles et puiser dans un vivier créatif et innovant. C’est le cas par exemple d’Orange avec son Orange Lab, de La Poste et son Lab Postal ou encore d’AXA et de l’AXA Factory.
Chez PSA Peugeot Citroën, le projet est un peu différent puisque l’accent est mis sur la collaboration avec des écoles et universités au sein du StelLab(Science Technologies Exploratory Lean LABoratory). Dans cette structure dédiée à l’identification et au développement de nouvelles technologies, on trouve des OpenLabs, communs au groupe et aux universités, des cellules d’innovation mais aussi des chaires académiques attribuées aux universités et écoles avec pour objectif la promotion et la réalisation de programmes de recherche sur des domaines qui présentent un intérêt pour PSA.
Un autre géant de l’industrie, le groupe Air Liquide, a créé en 2013 l’i-Lab, un lieu dédié à la réflexion et à l’expérimentation autour d’outils de prototypage rapide.
LES BANQUES À LA POINTE DE L’INNOVATION… POUR ÉVITER L’« UBERISATION »
Le secteur champion de l’open innovation ? C’est peut-être la banque. Pour éviter de se faire bousculer par de nouveaux entrants aux business models disruptifs, les banques s’ouvrent de plus en plus vers l’extérieur.
« Il faut apprendre des start-up, de leur hyper-agilité, afin de garder, précisément, un esprit de start-up dans une entreprise qui a 150 ans et qui compte 150 000 collaborateurs », explique Françoise Mercadal-Delasalles, Directrice des Ressources et de l’Innovation de la Société Générale. Pour cela, en avril 2015, le groupe a inauguré Player, l’incubateur de l’« intelligence collective », une véritable pépinière d’idées installée dans le quartier parisien du Sentier (dans la même rue que le NUMA). « Nous sommes convaincus qu’un lieu externe d’innovation favorise les rencontres et permet de renforcer les porosités avec des talents différents et des start-up. Avec Player, notre groupe peut ainsi s’ouvrir à d’autres approches, visions et méthodes de travail pour contribuer à l’accélération de la transformation numérique de l’entreprise », ajoute Aymeril Hoang, Directeur de l’Innovation du groupe.
Même ambition au Crédit Agricole qui, en juin 2014, a créé en plein cœur du 8e arrondissement de Paris le Village by CA, un espace d’open innovation. Aujourd’hui, ce sont près de 90 start-up innovantes qui y travaillent, dans le domaine de la fintech bien sûr, mais aussi de la santé ou même de l’agriculture. Le 17 février 2016, à l’occasion d’un appel à candidature visant à recruter 10 nouvelles start-up, Fabrice Marsella, « maire » du Village indiquait à l’Usine Digitale rechercher « des projets différents de ceux que nous hébergeons aujourd’hui. Nous voudrions notamment trouver des start-up spécialisées dans la blockchain, la technologie qui se cache derrière le bitcoin, mais aussi dans les objets connectés pour la maison, par exemple ». Une manière, donc, de trouver des idées innovantes pour transformer l’ensemble des métiers du groupe… et pas uniquement ceux de la finance.
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Dernier exemple avec les We Are Innovation (WAI) de BNP Paribas. Sur les sites de Paris et Massy-Saclay, le groupe accompagne près de 1 200 start-up, réparties dans 15 pôles d’innovation et travaille aussi auprès des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) en leur permettant de bénéficier de l’agilité des start-up incubées. Des duos entre jeunes pousses et ETI ont ainsi été créés par le biais du programme Innov&Connect, initié en septembre 2014.
UN CLUB POUR PRATIQUER L’« INNOVATION DATING »
Particulièrement investies dans l’innovation, la ville de Paris et la région Ile-de-France, via l’association Paris&Co, ont créé 18 incubateurs dans la capitale, dont certains sont animés conjointement avec des groupes comme La Poste, la SNCF ou la Fondation SFR (c’est le cas par exemple du Social Good Lab, dédié aux innovations technologiques à impact social).
Au-delà de ces lieux d’incubation, Paris&Co est à l’initiative du Club Open Innovation qui inclut dans son comité de pilotage des partenaires privés comme Bouygues, Carrefour, Safran ErDF, JCDecaux ou la SNCF. Objectif ? Développer des relations business entre grandes entreprises et jeunes pousses via des rencontres et des réunions pluriannuelles et des groupes de travail. En avril 2015, Econocom a ainsi organisé « Travailler à l’heure digitale », un moment au cours duquel 20 start-up ont pu « pitcher » sur le sujet dans les locaux du groupe et participer à une table ronde destinée à partager les différents retours d’expérience.
L’open innovation est-elle devenue incontournable ? Pour tenir le rythme effréné de l’accélération numérique, l’ouverture est essentielle. La collaboration avec des start-up permet un échange vertueux, une coopération « gagnant-gagnant » qui explique le foisonnement des initiatives visant à faire éclore l’innovation.